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mardi 11 janvier 2011

Changement de paradigme


Enfin, quelqu'un LE dit! Je me suis tellement souvent fait regarder croche parce que j'osais soulever la question. Mon mémoire de maîtrise portait là-dessus et c'est probablement ce qui m'a poussée à aller travailler en santé publique. De quoi je parle? Des effets pervers de LA "lutte" à l'obésité. Du fait qu'à trop vouloir dénoncer le surplus de poids de la population et donner des rèegles du "bien manger, bien bouger", on finit par créer une préoccupation excessive par rapport au poids chez certains et pour d'autres, plus vulnérables, on risque d'engendrer ou déclencher des troubles plus graves. Le Devoir en parlait le 8 janvier dernier et encore aujourd'hui!


Je me suis souvent fait répondre:"L'épidémie d'obésité, c'est ben plus grave que la préoccupation excessive!". Ce qui n'est pas dit parfois dans cette phrase et qui est sous-entendu, c'est que certains gagneraient même à être davantage préoccuppés. C'est vrai, c'est admiré et applaudi d'être au régime, d'être mince, de s'entraîner et les autres devraient s'en inspirer.


Alors, on fait quoi? On fait rien, on ne dit rien de peur de faire plus de mal que de bien? Éthiquement, c'est peut-être défendable, mais pratiquement, pas vraiment. Ce n'est pas la première fois que je le mentionne, mais pour moi, le problème se situe dans la cible choisie: l'OBÉSITÉ! Le personne en surplus de poids est ciblée et devra changer et ce changement devra être visible. Comme si ce n'était pas suffisant de ne pas correspondre aux idéaux de beauté, maintenant, on leur reproche en plus de ne pas correspondre aux idéaux de santé et de coûter cher à l'état!


L'exemple de la lutte au tabac

De nombreux articles scientifiques ont été écrits sur les similarités entre la lutte au tabac et celle à l'obésité. Puisque la lutte au tabac a connu de grands succès, pas fou, on veut s'en inspirer! On a donc démonisé la malbouffe (il est même question d'y accoler des images répugnantes comme celles sur les paquets de cigarettes), on a tenté de cibler une industrie, on tente de changer les comportements et la taxe sur la malbouffe est envisagée.


Malheureusement, il y a aussi différents éléments qui distinguent ces deux problèmes. D'abord, lorsqu'on parle d'obésité, on cible des individus, tandis que lorsqu'il est question de cigarettes, c'est une industrie qui est ciblée. De plus, fumer, on peut s'en passer pour vivre, manger, non. D'autre part, le fait du fumer a été associé directement à diverses maladies. Pour ce qui est de l'obésité, le lien est moins directe. Ce sont davantage les habitudes de vie qui peuvent mener à l'obésité qui elles sont associées à diverses maladies. Le lien est donc moins direct donc: ce n'est pas parce que tu as un surplus de poids que tu vas être malade, ça dépend de pleins d'autres choses.


Je répète: ON FAIT QUOI?

Ok, ok. J'ai pas la solution miracle, mais j'aime bien ce qui a été avancé en début d'année: miser sur le plaisir qui peut être ressenti via l'effort. C'est clair qu'étant donné les changements qui se sont produits au fil du temps dans nos environnements, c'est toute notre façcon de vivre qui s'est modifiée. On mange plus et on est plus sédentaire. On mange des trucs qui comprennent des ingrédients dont on a de la difficulté à lire le nom. C'est donc évident qu'il y a tout un travail à faire au niveau de l'industrie alimentaire et de la publicité de ses aliments. Mais c'est vrai peu importe notre poids. Ce n'est pas parce qu'on est mince que c'est moins néfaste sur notre corps de manger de la bouffe transformée pleine de sucre raffiné et de gras trans et je pense que c'est là que se situe le défi. Ça demande tout un changement de paradigme.


Finalement, je pense que comme le mentionnais le Dr. Arya Sharma dans son blogue de début d'année, en 2011, il faudra s'intéresser à tout ce qui a trait aux liens entre santé mentale et problématique du poids en commençant par la discimination par rapport au poids. À ce sujet, un colloque a lieu à Toronto, lundi prochain à ce sujet. J'y serai!


Je suis donc optimiste en ce début d'année, il semble que la Charte pour une image corporelle saine et diversifiée ait apporté avec elle un vent de changement. Si quelqu'un avait un tableau comparant l'augmentation de la popularité des régimes et l'augmentation pondérale de la poppulation, je serais très intéressée à y jeter un coup d'oeil!

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