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mercredi 19 mai 2010

La créativité, à quel prix?

J'ai eu des nouvelles du projet de loi français concernant les retouches photos. J'en parlais dans mon billet intitulé: Une image vaut mille mots. J'ai contacté la député Valérie Boyer pour savoir quelles étaient les prochaines étapes de ce projet de loi.

D'abord un geste symbolique
Ce qu'il faut comprendre avant tout, c'est qu'il s'agit d'abord d'un geste symbolique cherchant à sensibiliser la population à la question de l'image corporelle. La France s'est dotée d'une Charte sur l'image corporelle, similaire à la nôtre. En fait, ce mouvement est né en Europe.
Cette député souhaitait aller plus loin, d'où son idée du projet de loi. En fait, la Charte sensibilise le milieu de la mode et des médias. Le projet de loi ferait en sorte qu'un geste concret serait posé. Sur toute photo de publicité ou de mode ayant fait l'objet de retouches corporelles, nous y trouverions la mention: "Cette photo a été retouchée". Je pense qu'il est même question d'y indiquer le nombre de retouches ayant été effectuées. Un logiciel créé en France permet d'analyser les photos et d'identifier toutes les retouches corporelles.

Brime-t-on la créativité?
Ce projet de loi a entraîné une levée de boucliers. Plusieurs y voient une atteinte à la créativité. J'en discutais avec ma mère ce matin et j'ai bien aimé son analogie. Elle y voyait un parallèle avec les publi-reportages. Vous savez ces reportages publicitaires qui nous parlent par exemple de surplus de poids tout en nous amenant doucement vers un produit qui nous permettrait de régler ce problème facilement. Les créateurs de ces publi-reportages ont l'obligation d'indiquer ce dont il s'agit. Dans cette même veine, il ne s'agit pas d'empêcher les retouches photos, mais plutôt d'informer le public du fait que cette photo a été retouchée au niveau du corps du mannequin.

Y-a-t-il du mal à vendre du rêve?
Nous sommes nombreuses et nombreux, face à une photo de mode, à oublier qu'il ne s'agit pas du reflet de la réalité, mais plutôt d'un idéal inatteignable. La mannequin était sûrement déjà magnifique, mais on la rend icônique. Est-ce mal? En soi, non. Ce qui est mal, ce sont les dommages que ces images font au niveau de l'estime de soi et pire encore parfois. Les revues de mode gagnent à faire en sorte que leur public oublie qu'il ne s'agit pas d'un reflet de la réalité. Les designers et les publicitaires aussi. Leurs produits se vendent ainsi. Mais je crois que ces produits se vendraient tout aussi bien même si le lecteur savait que la photo avait été retouchée, peut-être même mieux. L'écart nous semblerait moins grand entre notre image et celle illustrée. Nous aurions donc davantage confiance qu'en achetant les vêtements portés par la mannequin ou son maquillage, nous pourrions lui ressembler. Je lance l'idée.

Personnellement, j'aimerais beaucoup me faire rappeller qu'il s'agit de photos retouchées. Vous imaginez, malgré que je travaille dans ce domaine, j'oublie devant ces femmes magnifiques qu'il ne s'agit que d'un rêve illustré...

2 commentaires:

  1. Bien que je ne sois pas entièrement en désaccord avec vos propos ci-dessus, je me fais l'avocat du diable en me demandant si ce genre de mention vague n'affecterait pas, en long terme, la confiance du consommateur envers les vêtements ou articles présentés? Parce qu'une fois que l'on indique que la photo a été retouchée, qu'est-ce qui empêche les annonceurs ou magazines de faire des retouches aux morceaux présentés; ce qui pour ma part causerait d'autres désagréments et frustrations...

    Je me questionne toujours sur le pouvoir de l'éducation dans cette cause...

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  2. C'est effectivement un point intéressant. Il s'agit d'un sujet sensible et il semble difficile de trouver LA solution. Je crois toutefois au pouvoir de l'éducation aux médias et aux nouveaux médias particulièrement auprès des jeunes.
    Le débat est ouvert et je suis toujours à la recherche de nouvelles idées! Merci pour votre commentaire.

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